Il y a près de deux semaines, le célèbre écrivain guinéen Tierno Monénembo s’est fait voler le manuscrit d’un roman qu’il s’apprêtait à éditer. Plongé dans le désarroi depuis, il supplie les malfrats de lui rendre ce travail de trois ans. Malgré la promesse d’une belle somme, personne ne se pointe à sa porte.
A la recherche du manuscrit perdu ! Tierno Monenembo, un célèbre écrivain guinéen, a récemment perdu la version définitive d’un roman qu’il comptait remettre dans les prochains jours à son éditeur en vue d’une publication en janvier prochain.
Tierno Monenembo cambriolé à son domicile
En effet, dans l’après-midi du mercredi 22 mai 2024, l’auteur du roman « Les Crapauds-Brousse » a été victime d’un cambriolage à son domicile à Conakry, capitale de la Guinée (Afrique de l’Ouest). Les malfrats ont emporté son ordinateur portable de marque Toshiba, qui contenait le manuscrit de sa future œuvre romanesque enregistrée sous le titre « L’enfance 4 ». C’est le fruit d’un travail de trois ans.
10 millions GNF promis à celui qui retrouvera le manuscrit volé
Au lendemain du vol, Tierno Monenembo a fait une publication sur les réseaux sociaux pour annoncer la mauvaise nouvelle. Il appelé ses compatriotes à l’aider à retrouver son œuvre et a promis 10 millions GNF (environ 1072 euros) à toute personne qui la lui ramènera. Le prix Renaudot 2008 dit être plongé « dans un état extrêmement dépressif », depuis cet incident. Selon lui, « perdre un manuscrit (…) équivaut à perdre son rein gauche ou son poumon droit ».
Le manuscrit volé toujours pas de retour
Tierno Monenembo estime que « c’est une mutilation dont on ne guérit pas » car « chaque manuscrit est unique ». Malgré la promesse des 10 millions GNF, personne ne s’est encore pointé à son domicile pour lui rendre le document. Il dit aussi n’avoir toujours pas reçu de mail à l’adresse qu’il a renseignée dans son appel à l’aide. Face à cette situation, le romancier pense qu’il faut se remettre au travail. C’est-à-dire passer de nouvelles nuits blanches à écrire un tout autre livre.
De nombreux Guinéens et Guinéennes lui apportent leur soutien
« Il faudra tout repenser, tout échafauder de nouveau, tout repeindre, tout refleurir. Ce doit être très difficile (…) c’est tout simplement un crève-cœur », souligne-t-il le cœur meurtri. L’écrivain guinéen se console toutefois de voir que ses compatriotes le soutiennent dans ces moments difficiles. Sa messagerie électronique serait inondée de mots de sympathie et de réconfort. Des prêtres auraient aussi organisé des veillées de prières pour solliciter les faveurs du ciel.
Un règlement de compte politique ?
Mais Tierno Monenembo a des soupçons. Il pense que ce n’est pas un simple vol, mais une manœuvre des mains obscures pour lui nuire. Le lauréat du Grand Prix Palatine 2012 en est convaincu d’autant que les voyous ne lui ont toujours pas ramené son manuscrit malgré la forte mobilisation sur les radios, sur les télés, sur les réseaux sociaux. Ils auraient au moins pu vendre l’ordinateur et lui balancer son document par mail. D’ailleurs, ils auraient pu faire preuve d’humanisme face à la dépression que vit l’auteur.
Tierno Monenembo, un grand critique de la junte militaire en Guinée
« Tout laisse supposer qu’il ne s’agit pas là d’un simple vol, que cette affaire est beaucoup plus compliquée qu’on ne le pense », analyse le romancier connu comme un grand critique de la junte militaire en Guinée. Tierno Monenembo ne manque aucune occasion pour égratigner le régime de putschistes. Il accuse régulièrement le colonel Mamadi Doumbouya de vouloir s’éterniser au pouvoir et d’instaurer une dictature militaire dans son pays.