Le nouveau ministre des Transports, François Durovray, n’a pas d’instaurer l’écotaxe sur les poids lourds, une mesure abandonnée en 2024 après la mobilisation des Bonnets Rouges. Selon lui, cette taxation permettra de dégager des recettes pour financer le développement des infrastructures ferroviaires et routières. Mais les organisations professionnelles du secteur n’entendent pas se laisser faire.
Le nouveau ministre des Transports veut déjà se mettre à dos les transporteurs de France. Sur le plateau de TF1 lundi, François Durovray a laissé entendre qu’il n’est pas fermé à l’instauration d’une écotaxe sur les poids lourds. Selon lui, cette mesure sera nécessaire pour financer la maintenance des infrastructures de transport routier et ferroviaire, ainsi que la transition écologique.
Le ministère des Transports a besoin de recettes
François Durovray dit avoir déjà proposé une rencontre avec l’ensemble des partenaires, présidents de régions et de Métropole pour voir de quelle manière avancer ensemble et trouver des solutions. Ce dont il est certain, c’est qu’il « faut des recettes ». Le ministre a toutefois précisé qu’il attend la déclaration de politique générale du Premier ministre, attendue le 1er octobre, pour prendre des décisions. Mais sa déclaration sur TF1 suscite déjà des inquiétudes au niveau des organisations professionnelles du secteur.
François Durovray favorable au retour de l’écotaxe depuis 2023
En effet, les transporteurs n’ont pas la mémoire courte. Ils se rappellent qu’en août 2023, le nouveau ministre des Transports, alors président de la commission Mobilités de l’Assemblée des départements de France, a affirmé qu’il faudra poser à plat les conditions de mise en œuvre de la taxe poids lourd dans les prochains mois. A présent qu’il est aux commandes, il a tous les pouvoirs pour instaurer cette mesure déjà décriée par le passé.
Les « Bonnets rouges » ont fait reculer le gouvernement en 2014
Pour rappel, l’écotaxe sur les poids lourds avait déjà été proposée en 2007 lors du Grenelle de l’Environnement, puis votée à l’unanimité en 2009. Alors qu’elle devait entrer en vigueur en 2013, le gouvernement l’a suspendue avant de la supprimer an plus tard face à la fronde des « Bonnets rouges » déclenchée en Bretagne. Mais, depuis lors, certaines régions tentent de l’imposer sur leurs routes. C’est le cas de l’Alsace, qui doit voter le 21 octobre sur une taxation des poids lourds qui empruntent sa principale autoroute.
L’écotaxe met en péril de nombreuses TPE-PME
L’Union des entreprises de transport et de logistique (TLF), l’organisation professionnelle du secteur, a interpellé François Durovray sur son projet de taxe. Elle le prévient des graves conséquences qu’entraînerait une telle mesure. Selon la TLF, l’écotaxe risque de plomber « la compétitivité du pavillon français et mettre directement en péril de nombreuses TPE-PME » des transports, une filière déjà en souffrance depuis plusieurs années. Ce secteur manque notamment de chauffeurs.
Une manifestation en Alsace contre l’écotaxe, le 7 octobre
De son côté, l’OTRE (Organisation des Transporteurs Routiers Européen), pense que les propos du ministre sont « un signal très négatif envoyé à la filière ». Ils témoigneraient d’un « décalage croissant entre les réalités des transporteurs routiers et les décisions administratives. ». Pour sa part, la FNTR (Fédération Nationale des Transports Routiers) menace d’attaquer en justice l’écotaxe. L’organisation annonce qu’elle prendra part, le 7 octobre prochain, à une manifestation des acteurs économiques d’Alsace contre cette mesure. On les ferait payer sans cesse, tandis que toute l’attention irait à la SNCF et à Air France.