Brigitte Giraud a reçu jeudi le prix Goncourt 2022 pour son roman « Vivre vite » paru aux éditions Flammarion en août dernier. L’écrivaine française devient la treizième femme lauréate de cette récompense littéraire en 120 ans. Elle succède au Sénégalais Mohamed Mbougar Sarr, couronné en 2021 pour « La plus secrète mémoire des hommes ».
Le jury du Goncourt – composé de sept hommes et trois femmes- a décerné jeudi le prix Goncourt 2022 à Brigitte Giraud pour son roman « Vivre vite » paru aux éditions Flammarion en août dernier. L’écrivaine française était au coude-à-coude avec l’Italo-Suisse Giuliano da Empoli, auteur de l’excellent « Le Mage du Kremlin » (Gallimard) publié en avril 2022. Elle a pu s’imposer grâce à la voix comptant double de Didier Decoin, le président de l’académie Goncourt.
Le Mage du Kremlin, d’une actualité trop brûlante
Le Goncourt 1977 ( avec « John l’Enfer ») a choisi de voter pour « Vivre vite » pour récompenser différents livres et soutenir ainsi les libraires. En effet, « Le Mage du Kremlin », qui plonge dans les pensées et les secrets de Vladimir Poutine, a déjà reçu le Grand prix du roman de l’Académie française, le 27 octobre 2022. Didier Decoin a également expliqué que l’œuvre de Giuliano da Empoli était d’une actualité trop brûlante. Il lui a donc préféré le romand de Brigitte Giraud.
Un engrenage d’hypothèses improbables
C’est le récit d’une vie bouleversée par la mort du compagnon de l’autrice, Claude, dans un accident de moto en 1999. Brigitte Giraud y passe en revue les circonstances ayant conduit à la tragédie. Elle se demande comment cela aurait pu être évité. Si elle avait fait ceci ou cela jusqu’à émettre des hypothèses improbables. Par exemple si elle n’avait pas téléphoné à sa mère et si Claude avait écouté « Don’t Panic » de Coldplay plutôt que « Dirge » de Death in Vegas, avant de quitter le bureau ». L’écrivaine évoque même la mort de Stephen King le samedi 19 juin 1999.
Récompensée pour le talent, pas en tant que femme
Avec ce prix, Brigitte Giraud succède à Mohamed Mbougar Sarr, primé l’année dernière pour son roman « La plus secrète mémoire des hommes », paru en août 2021 aux éditions Philippe Rey. Elle n’est que la 13e autrice à remporter un Goncourt, contre 107 lauréats masculins depuis 1904. « Ce n’est pas en tant que femme que je reçois le prix, mais en tant que personne qui travaille la littérature depuis des années », a-t-elle objecté face aux insinuations. Sur les réseaux sociaux, de nombreuses personnes affirment que le jury a tout simplement décidé de primer une femme pour être dans l’air du temps…
Une hausse des ventes attendue
Qu’à cela ne tienne ! Le Goncourt devrait permettre à Brigitte Giraud de mieux vendre son roman, qui s’est seulement écoulé à 8 000 exemplaires à ce jour. Donc loin des 100 000 exemplaires du « Mage du Kremlin » de Giuliano da Empoli. Pour anticiper une hausse de la demande, les éditions Flammarion ont tiré 26 000 copies la semaine dernière. On peut dire qu’elles ont eu le nez creux… « Vivre vite » devrait s’installer rapidement en tête des ventes comme « La plus secrète mémoire des hommes » en 2021. Ce roman s’est écoulé à 378 219, se classant au cinquième rang des livres les plus vendus de l’année.
