La Côte d’Ivoire et le Ghana ont convenu de suspendre temporairement leurs ventes de cacao dans le but d’obtenir une revalorisation du prix de la tonne. Ils ont décidé qu’ils ne vendraient plus leur cacao en deçà de 2.600 dollars la tonne.
Un second rendez-vous prévu à Abidjan en juillet
C’est une décision historique. La Côte d’Ivoire et le Ghana, deux des principaux exportateurs de cacao, ont convenu de suspendre temporairement leurs ventes pour exiger une rémunération plus décente des agriculteurs. Actuellement, les producteurs de « l’or brun » ne perçoivent que 6 milliards de dollars sur les 100 milliards que représente le marché mondial du chocolat. Le reste revient aux industriels et aux nombreux intermédiaires. C’est pourquoi la Côte d’Ivoire et le Ghana ont annoncé mercredi qu’ils ne vendraient plus leur cacao en deçà de 2.600 dollars la tonne.
Selon Joseph Boahen Aidoo, le directeur général du « Ghana cocoa Board », qui se prononçait à l’issue de deux jours de réunions entre producteurs, négociants et responsables politiques, « Ce qu’il s’est passé ces deux jours est historique. Depuis des années, ce sont les acheteurs qui ont déterminé les prix ». Il précise que « Ce prix a été approuvé, sur le principe, par les participants – producteurs et négociants ». Ces derniers ont prévu de se retrouver le 3 juillet à Abidjan pour discuter de la mise en place de cette mesure.
Le cacao représente 10 % du PIB de la Côte d’Ivoire, à peu près la même proportion pour le Ghana. Il s’agit donc une importante exigence pour chacun de ces Etats. Mais la raison de cette suspension pourrait ne pas qu’être qu’économique. En 2020, les deux pays ont rendez-vous avec l’élection présidentielle. Alors il n’est pas trop tard pour séduire les agriculteurs désabusés depuis des années.
« il y a un risque que les cours actuels redescendent »
Aussi, notons que cette hausse du prix de la tonne de cacao ne va pas forcément profiter aux producteurs. L’Organisation internationale du cacao (ICCO), souligne ainsi que « la hausse du prix sur le marché mondial n’ira pas forcément dans la poche des producteurs », qui vivent dans une « pauvreté extrême ». En cause, les nombreux intermédiaires et les acheteurs qui pourraient faire prévaloir de nouvelles difficultés dans le circuit. Et puis si le prix de 2600 dollars doit être imposé aux industriels, il faudra d’abord s’attendre à une période de baisse. « Pour l’instant, il y a nettement assez de cacao pour répondre à la demande » et « puisque la mise en place de ce prix plancher va mettre un an, plus ou moins, il y a un risque que les cours actuels redescendent », a prévenu Casper Burgering, analyste matières premières pour la banque néerlandaise ABN Amro.