D’ici 2050, il faudra très probablement nourrir plus de 9 milliards d’habitants. Or, de nombreux scientifiques s’accordent à dire que les surfaces cultivées à l’heure actuelle ne permettront plus d’assurer entièrement ce rôle. Quelles sont les alternatives ? Voici 6 idées qui pourraient résoudre ce problème.
Cultiver autrement
L’augmentation de la population mondiale pourrait logiquement s’accompagner d’une augmentation des terrains cultivables, une idée qui n’est aujourd’hui plus envisageable du fait de l’occupation et de la surexploitation des terres. Le concept des fermes verticales apparait donc comme une réelle réponse face au manque d’espace. Il faut dire que certains pays comme la Chine font le choix d’acquérir des parcelles cultivables à l’étranger pour nourrir leur population. Inventées au début des années 2000 par Dickson Despommier, professeur de sciences environnementales et de microbiologie à l’université Columbia à New York, les fermes verticales consistent en la superposition de rangées de fruits et/ou légumes.
Un des avantages sous-jacents à leur installation est de pouvoir prétendre à une agriculture locale, en réduisant les coûts de transport. Les cultures ne sont pas non plus soumises aux aléas climatiques, ce qui représente déjà en soi moins de pertes. Selon les prédictions annoncées par son créateur, une ferme verticale de 30 étages permettrait de nourrir 30 000 habitants. Elle afficherait également un rendement cinq fois supérieur à celui d’une ferme traditionnelle. Son concept plus qu’innovant a déjà conquis du monde notamment en Asie. A titre d’exemple, Singapour, deuxième pays le plus dense de la planète, a inauguré une ferme verticale de la société Sky Greens en octobre 2012. Cette nouvelle tendance s’installe également en France, et plus particulièrement en région parisienne.
Manger les restes jusqu’aux emballages
La mission zéro gaspillage est déjà bien prise au sérieux sur le territoire national. Limiter les déchets alimentaires est aujourd’hui un des enjeux majeurs de la prochaine période 2015-2025. Des actions sont à ce jour menées pour atteindre ce but, tant pour limiter le gaspillage que par respect pour ceux qui ne mangent pas à leur faim. En France, des grands chefs cuisiniers comme Cyril Lignac ont déjà organisé des séances de cuisine pour inculquer à « leurs élèves » les méthodes pour jeter un minimum de produits. D’autres cherchent quant à eux à augmenter le temps de conservation des fruits et légumes. On pourra penser à la tomate transgénique de la société américaine Calgene. En 1994, elle n’a toutefois pas connu de succès, l’époque ne s’y prêtant pas. Le groupe agrochimique suisse Syngenta a, lui, proposé une tomate allongée couleur miel imputrescible. Appelée dans le jargon scientifique FW13, cette tomate longue conservation se déshydrate de la même façon qu’une datte. Plus innovant encore, des entreprises récupèrent les fruits et légumes invendus pour créer des emballages biodégradables et… comestibles. CD Fruits (France) et WikiFoods (USA) commercialisent déjà ce type de produits.
Des repas pris en un éclair
La façon de s’alimenter traditionnelle consiste à consommer différents types de produits pour obtenir tout ce dont le corps a besoin. Le concept de l’alimentation du futur changera notablement sur ce point en fournissant des produits concentrés. Un des exemples les plus parlants est celui de la micro-algue bleue appelée ‘spiruline’ qui cumule les avantages. Riche en glucides, vitamines, oligo-éléments et minéraux, elle détient aussi des propriétés antioxydantes ou encore anti-cholestérol. Sur base de cette grande richesse, la société Algama a développé ‘Springwave’, une boisson constituée de spiruline. En Californie, Rob Rhinehart a également inventé une poudre ‘Soylent’ qui, mélangée à de l’eau, apporte l’ensemble des nutriments nécessaires en une seule prise.
Le steak « in vitro »
Le premier steak synthétique a été conçu à Londres il y a deux ans, en août 2013. Pour autant, cette façon innovante de produire de la viande n’est pas prête d’être intégrée immédiatement dans nos habitudes. C’est l’équipe du chercheur néerlandais Mark Post de l’Université de Maastricht qui est à l’origine de ce nouveau produit. 142 g de viande ont ainsi pu être fabriqués par reproduction et croissance de cellules souches de bœuf. Il aura fallu seulement six semaines pour arriver à ce résultat. Toutefois, si l’on en croit les testeurs, ce steak n’aurait pour le moment pas vraiment de saveurs intéressantes. Actuellement, il coûterait à l’unité 300 000 euros, un prix plus qu’exorbitant. En restant dans la même gamme de produits, certains développent actuellement de la nourriture conçue par imprimante 3D. L’américain Modern Meadow étudie par exemple la fabrication d’une viande synthétique par multiplication de cellules souches d’animaux qui sont ensuite stockées dans la cartouche. Une fois l’impression lancée, ces cellules ont tendance à fusionner, ce qui permet d’obtenir un tissu vivant. La nouvelle technologie d’impression 3D donne de très nombreuses idées, y compris dans l’alimentaire. Selon certaines sources, la NASA se pencherait elle aussi sur l’imprimante pour préparer des pizzas.
Des repas végétariens et des produits de substitution
Une alternative plutôt logique à la viande consiste à faire le choix d’aliments végétariens. Ainsi, des sociétés se penchent actuellement sur la production de steaks végétaux à base de protéines de pois comme l’entreprise française Sotexpro. Certaines sont même déjà parvenues à créer du blanc de poulet à base de protéines végétales comme la start-up Beyond Meat. D’après les testeurs, il serait gustativement difficile de faire la différence entre du vrai et du faux poulet. Les résultats sont de ce fait encourageants. Dans un registre comparable, la société Lyrical Food a réussi le défi de réaliser du fromage à base de lait d’amande. D’autres, quant à elles, travaillent sur la substitution de l’huile d’olive ou de tournesol par l’algue unicellulaire riche en oméga 3 Schizochytrium ou par un produit conçu à partir du krill Euphausia superba (un dérivé de la crevette).
Des bêbêtes dans nos assiettes
Manger du bœuf ou du poulet sera bientôt une histoire révolue. A la place, ce sont bel et bien des petits insectes qui devraient se retrouver dans nos assiettes. Et pour cause : ils cumulent les atouts. Non polluants, ils nécessitent très peu d’espace. Riches en protéines, ils concurrencent sérieusement les viandes et sont sans matière grasse. Cette nouvelle alimentation aurait de quoi rassurer l’OMS qui s’inquiète actuellement de la croissance de l’obésité en Europe. A titre d’exemple, le fait de manger 5 criquets équivaudrait à l’apport protéique d’un steak. Pour autant, consommer des grillons, des sauterelles ou des vers ne fait pas vraiment partie des usages. Ce mode d’alimentation risque donc de devoir faire face au tabou psychologique. Il faudra du temps mais les choses arriveront. Actuellement, quelques restaurants atypiques proposent des menus composés de vers de farine, de grillons ou encore de criquets comme Al Pizza à Guidel (56). Dans la capitale, certains poussent les limites encore plus loin en proposant des scorpions ou des punaises, une nourriture que l’on peut retrouver par exemple au bar-restaurant Le Festin Nu (XVIIIème arrondissement). Notons également que plusieurs entreprises en France ont misé sur cette alimentation futuriste pour se développer. Parmi celles-ci, on citera la première ferme d’élevage d’insectes comestibles française Micronutris.
Si cette nouvelle façon de se nourrir n’apparait pas actuellement très attirante, elle sera cependant moins cher, l’inventeur du Soylent estimant à 80€ le prix de 28 repas. L’impact écologique sera également mineur par rapport à notre mode d’alimentation et à notre façon de produire aujourd’hui.
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