À l’hôpital de Vannes, une fresque jugée sexiste et pornographique devrait bientôt être décrochée du mur après que des internes ont adressé une lettre anonyme à l’agence régionale de santé (ARS). Les plaignants envisagent de saisir la justice, en cas de rejet de leur requête.
Une polémique dont l’hôpital aurait bien pu se passer. Au Centre hospitalier Bretagne Atlantique de Vannes (CHBA), dans le Morbihan, une fresque accrochée au mur depuis plusieurs années ne fait pas l’unanimité. Elle est jugée obscène par des internes, qui ont adressé un courrier à l’Agence régionale de santé Bretagne, le jeudi 2 novembre 2023, dans le but d’obtenir son décrochage. Ces plaignants envisagent même de saisir la justice, si la direction de l’établissement hospitalier ne s’exécute pas dans les plus brefs délais.
Quatre hommes exhibent leur zizi
Peinte par des internes en 2012, sur un mur de leur salle de garde non visible du grand public, la fresque polémique représente quatre hommes en blouse blanche sur un drakkar. Trois d’entre eux exhibent leurs parties génitales débout, tandis que le quatrième est en plein acte sexuel avec une femme nue, en position gynécologique. On a affaire à une fresque « carabine » ou « fusil », un genre de peinture qui orne généralement les salles de gardes des internes des hôpitaux. Une tradition donc dans le milieu médical.
L’hôpital déplore le recours à une lettre anonyme
La commission médicale de l’hôpital confirme ce fait. Toutefois, elle note qu’il s’agit d’un patrimoine d’une autre époque. Il serait donc temps, selon elle, de retirer l’œuvre d’art ou de la conserver hors des regards. « Il faut retirer cette fresque », a dit Cédric Pépion, président de la commission médicale qui regrette cependant le recours à une lettre anonyme « menaçante et stigmatisante ». Mais elle semble avoir trop tardé. En effet, en janvier dernier, le ministère de la Santé a envoyé une instruction aux hôpitaux français leur demandant le décrochage des fresques carabines obscènes des salles de garde.
Des peintures carabines déjà décrochées ailleurs
Cet appel est intervenu au plus fort du débat sur la place de ces œuvres d’art à l’hôpital. Le gouvernement souhaitait l’instauration d’une tolérance zéro face aux situations de harcèlement et de violences morales ou sexuelles à l’encontre des étudiants en santé. En 2021 déjà, le sujet avait fait l’objet de controverses à l’internat de médecine Toulouse lorsqu’une nouvelle peinture avait été retirée pour les mêmes motifs. Plus tôt, en 2015, une peinture carabine avait disparu des murs à Clermont-Ferrand.
Les étudiants avaient voté en faveur du maintien
Au Centre hospitalier Bretagne Atlantique de Vannes (CHBA), la direction avait choisi de ne pas retirer le dessin après l’instruction du gouvernement. Pis, elle avait organisé un vote sur la question. Et les étudiants avaient voté à 73 % en faveur du maintien, 7 % pour son retrait et 20 % n’avaient pas donné leur avis. Cette fois, la commission médicale de l’hôpital a décidé de retirer la fresque face à la menace des internes. Néanmoins, elle compte consulter les internes au préalable. La commission insiste sur ce point d’autant que la fresque a été faite par les internes qui se plaignent maintenant.