C’était, croyait-on, une importante prise de guerre pour Soumaïla Cissé lors de l’élection présidentielle du mois de juillet. Le ralliement de l’animateur de radio et activiste Ras Bath, très écouté de la jeunesse malienne, n’a eu aucun effet dans les urnes. Que ses fidèles ne se soient pas déplacés dans les urnes ou que son influence réelle ait été surestimée, il n’y a pas eu d’effet Ras Bath lors du scrutin. Au contraire, son poulain a perdu au premier tour près de 50.000 voix par rapport à son score de 2013.
Ce sont les résultats de Soumaïla Cissé à Bamako, et particulièrement dans la Commune 4 où Ras Bath réside, qui restent sans appel. Ras Bath n’est pas du tout parvenu à mobiliser ses auditeurs pour transformer son influence médiatique en poids politique. Un échec qui pousse à relativiser la capacité de mobilisation de celui qui est considéré depuis plusieurs années comme le trublion de la vie publique malienne.
Avoir une émission de radio populaire, animée avec verve et passion, n’est manifestement pas un laissez-passer suffisant pour s’immiscer dans le grand bain politique. Ras Bath en a fait l’amère expérience au regard des résultats dans son fief de la Commune 4, qui n’a pas particulièrement penché pour Soumaïla Cissé. Ici comme dans le reste de la capitale, et même du pays, il n’y a eu aucun effet Ras Bath.
Le Rasta, comme on le surnomme au Mali, a été incapable de faire la mue entre un rôle de contestataire et celui plus complexe et plus mesuré de politicien devant être force de proposition, mais également contraint à faire des concessions. Or, pour les auditeurs de Ras Bath, toute concession est une trahison. Une trahison dont il a payé le prix électoral.