Attirés par la perspective d’une audience jeune et massive, de nombreux géants de la vidéo à la demande investissent des sommes considérables pour s’associer aux influenceurs. Un changement de paradigme qui, selon de nombreux spécialistes de l’industrie, marque un tournant décisif dans l’écosystème du divertissement numérique.
Quand le 13 février 2025, Jeffrey Randall Allen, plus connu comme étant le « joueur 831 » dans l’émission de téléréalité Beast Games, a été déclaré vainqueur, il ne se doutait sans doute pas de faire partie d’un moment fondateur.
En effet, cette série diffusée sur Amazon Prime Video, la plateforme de streaming d’Amazon, fait désormais des émules au sein de l’industrie du streaming. Selon le Wall Street Journal (WSJ), les grands acteurs du secteur rivalisent de moyens financiers pour créer leur propre phénomène comparable à Beast Games.
À l’origine de ce mouvement se trouve le succès retentissant de l’émission, dont Amazon négocie d’ores et déjà les saisons deux et trois. Produite par Jimmy Donaldson, jeune youtubeur américain de 26 ans plus connu sous le nom de MrBeast, la téléréalité aurait rapporté au moins 100 millions de dollars de profits à Amazon.
Des audiences à en faire rêver
Aux États-Unis, près d’une personne sur quatre ayant regardé Amazon Prime Video pendant le mois suivant le lancement a visionné au moins un épisode de Beast Games, d’après une source proche de l’entreprise citée par le WSJ.
Par ailleurs, 60% des personnes ayant commencé la série ont regardé au moins trois épisodes. De telles audiences ont de quoi faire pâlir d’envie de nombreuses plateformes de vidéo à la demande.
Netflix a ainsi récemment lancé une émission avec Ms. Rachel, célèbre sur YouTube pour sa série musicale pour enfants axée sur le développement langagier des tout-petits, qui figure constamment parmi les 10 programmes les plus regardés aux États-Unis.
La plateforme propriété de Google est également en négociations avec Dude Perfect, un groupe de créateurs sportifs suivis par des dizaines de millions d’abonnés, ainsi qu’avec Mark Rober, ancien ingénieur de la NASA.
Une révolution des modèles économiques et créatifs
De son côté, Peacock s’apprête à lancer quatre émissions comiques issues d’un programme récemment mis en place pour dénicher de nouveaux talents numériques. Même Disney se lance dans la course, à la recherche de créateurs proposant du contenu familial pour ses services de streaming.
Cette tendance marque, à en croire des voix autorisées interrogées par le Wall Street Journal, un changement fondamental dans la perception des créateurs de contenu web. « Les créateurs étaient considérés comme des talents, pas comme des studios de production », explique Samir Chaudry, co-animateur d’un podcast sur l’économie des créateurs.
Cependant, cette nouvelle alliance entre créateurs YouTube et plateformes de streaming soulève quelques défis, à l’instar du contrôle éditorial des contenus. Un aspect que beaucoup de créateurs ont du mal à céder.