Le fantôme de Madoff hante HSBC

La banque domiciliée à Londres pourrait devoir débourser jusqu’à 1,1 milliard de dollars pour couvrir les coûts potentiels liés à des litiges en cours concernant la fraude monumentale orchestrée par Bernie Madoff.

Près de vingt ans après l’éclatement du scandale Madoff, HSBC subit encore les contrecoups. Lundi 27 octobre, la banque a annoncé inscrire une provision de 1,1 milliard de dollars dans ses résultats du troisième trimestre.

Cette enveloppe vise à anticiper un contentieux qui l’oppose à Herald Fund SPC, un fonds d’investissement des îles Caïmans aujourd’hui en liquidation, qui avait placé des investissements significatifs auprès de Bernard L. Madoff Investment Securities LLC (BLMIS).

Cette entreprise a servi de couverture à la pyramide de Ponzi baptisée du nom du désormais tristement célèbre homme d’affaires à l’origine d’une fraude estimée à près de 65 milliards de dollars entre 1990 et 2008. Soit la plus grande escroquerie de ce type dans l’histoire.

L’origine de cette affaire remonte à avril 2009, lorsque le Herald Fund a engagé des poursuites contre HSBC Securities Services Luxembourg (HSSL), accusant la filiale luxembourgeoise d’HSBC d’avoir manqué à ses obligations de garde et de surveillance des actifs.

Une bataille judiciaire labyrinthique de 16 ans

En tant que gardienne des actifs, HSSL était censée sécuriser les placements du Herald Fund, engloutis dans la débâcle Madoff. Dans sa démarche initiale, Herald réclamait la restitution d’avoirs, titres et espèces estimés à 2,5 milliards de dollars, plus intérêts — ou, à défaut, des compensations pouvant aller jusqu’à 5,6 milliards de dollars.

Vendredi 24 octobre, la justice luxembourgeoise a recalé l’appel d’HSBC sur la restitution des titres, donnant raison à Herald, mais a validé le recours de la banque concernant la restitution en espèces. HSBC, qui avait déjà réglé un autre contentieux en 2012, prévoit désormais de faire appel à nouveau et de discuter le montant exigé.

Selon la banque, « l’impact financier final, s’il y en a un, pourrait être significativement différent » une fois le litige conclu. Elle a également indiqué que cette provision réduirait son ratio de capital CET1 (Common Equity Tier 1) d’environ 15 points de base, un impact gérable pour une institution de cette taille, mais néanmoins significatif.

L’influence durable de Bernard Madoff

Pour HSBC, ce revers judiciaire, qui s’est traduit par une baisse de 1% de son action, survient juste avant la publication de ses résultats trimestriels. Le groupe poursuit son recentrage stratégique, s’appuyant sur ses activités principales, notamment la banque de détail au Royaume-Uni et à Hong Kong, son rôle d’intermédiaire pour les grandes entreprises sur la scène internationale, entre autres.

Arrêté en décembre 2008, Madoff a plaidé coupable en 2009 et a été condamné à 150 ans de prison, la peine maximale autorisée. Il est décédé en prison en avril 2021 à l’âge de 82 ans, mais l’onde de choc de sa fraude continue de se propager dans le système financier mondial.

Le Département américain de la Justice a restitué plus de 4,3 milliards de dollars à près de 41 000 victimes via le Madoff Victim Fund jusqu’à fin 2024, mais une grande partie des pertes reste non recouvrée.

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leo derf

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