La guerre des soutiens de Boualem Sansal

Incarcéré en Algérie, l’écrivain franco-algérien fait l’objet d’une polémique entre ses soutiens européens autour de sa candidature au prix Sakharov.

Boualem Sansal est-il preneur d’une nomination au prix Sakharov ? Oui, mais pas de la part de n’importe qui. C’est ce qu’a fait comprendre Antoine Gallimard, l’éditeur de l’écrivain actuellement emprisonné en Algérie, en des termes on ne peut plus clairs, le 15 septembre dernier.

« Malgré la très grande estime dans laquelle il tient ce prix, Boualem Sansal, par la voix de son épouse, a fait savoir qu’il considérait comme irrecevable cette démarche insidieusement partisane », écrit-il dans un communiqué.

Cette réaction fait suite à l’initiative du groupe des Patriotes pour l’Europe au Parlement européen, dont le dirigeant n’est autre que Jordan Bardella, président du Rassemblement national (RN), de proposer le Grand Prix de l’Académie française comme candidat à la distinction du Parlement de Strasbourg.

L’épouse de l’auteur de « 2084 : La fin du monde » considère en effet cette démarche comme un affront, son mari s’étant toujours positionné contre l’extrême droite.

La voix de Boualem Sansal en question

« L’engagement continu de Boualem Sansal en faveur de la paix et de la liberté ne justifie en aucun cas qu’en son absence on associe son nom et ses écrits aux visées d’un mouvement dont la radicalité politique est étrangère à l’esprit de tolérance qu’il a toujours promu », poursuit Gallimard.

Il met par ailleurs en garde que « s’il advenait que cette « candidature » forcée était retenue, ce prix Sakharov serait refusé par les représentants de l’écrivain en France ».  La riposte ne s’est pas fait attendre.

Le comité de soutien à Boualem Sansal, présidé par Noëlle Lenoir, ancienne membre du Conseil constitutionnel français et ex-ministre des Affaires européennes, a publié dès le mardi suivant un communiqué contestant frontalement la position de Gallimard.

« Nul ne peut aujourd’hui se prévaloir de parler au nom de Boualem Sansal », martèle le comité, rappelant que « l’écrivain est détenu en Algérie depuis novembre 2024 et se trouve dans l’incapacité de s’exprimer librement ».

Des divisions européennes

« Si l’on veut rendre service à Boualem Sansal, ce n’est pas sa candidature au prix Sakharov présentée par le Rassemblement national qui aidera à sa libération », indique pour sa part, Nathalie Loiseau, eurodéputée du groupe libéral Renew, citée par Le Monde.

L’eurodéputée avait d’ailleurs elle-même proposé la nomination de Sansal à son groupe politique, mais ses collègues ont finalement préféré soutenir le mouvement étudiant serbe en lutte contre le gouvernement de Belgrade.

La polémique se poursuit alors que l’écrivain reste dans les geôles algériennes, condamné à cinq ans de prison pour « atteinte à l’unité nationale » et « menace à la sécurité nationale » après avoir remis en question les frontières entre l’Algérie et le Maroc en octobre 2024.

Au grand dam de la France qui, selon Le Monde, mise depuis des mois sur une « européanisation » de l’affaire Sansal, espérant transformer ce contentieux bilatéral franco-algérien en cause européenne pour faciliter une issue favorable.

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La rédaction Houssou
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