La Chine ouvre grand ses portes à l’Afrique

Pékin vient d’annoncer la suppression de tous les droits de douane sur les produits africains, renforçant ainsi sa position d’interlocuteur privilégié auprès d’un continent fragilisé par le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

Dans une démarche qui devrait redéfinir les équilibres commerciaux internationaux, la Chine a annoncé jeudi 12 juin, au terme d’une rencontre de haut niveau avec ses partenaires africains, la signature d’un nouveau pacte économique avec l’Afrique.

Cette décision s’accompagne de la suppression de tous les droits de douane sur les exportations des 53 États africains – sur 54 au total, à l’exception de l’Eswatini – avec lesquels Pékin entretient des relations diplomatiques.

« La Chine est prête à accueillir des produits africains de qualité sur son marché », a ainsi déclaré le ministère chinois des Affaires étrangères, dans une déclaration rapportée par Reuters. Cette initiative marque un virage stratégique de Pékin vers une approche plus équitable du commerce avec l’Afrique.

Jusqu’à présent, la deuxième économie mondiale accordait déjà un accès sans droits de douane ni quotas aux pays les moins avancés (PMA), dont de nombreux pays africains. Cette initiative étend désormais l’avantage aux pays à revenus intermédiaires, comme l’Afrique du Sud, le Nigeria, le Kenya ou encore le Maroc.

Enfin un équilibre dans les échanges ?

Ces pays, marqués par d’importantes bases manufacturières, devraient ainsi en profiter pour mieux se positionner sur l’énorme marché que représente la Chine. Il reste cependant à déterminer si cette nouvelle donne permettra de réduire ne serait-ce qu’un peu le déséquilibre qui a toujours caractérisé le commerce entre Pékin et l’Afrique.

Car si la Chine est depuis plus de dix ans le premier partenaire commercial du continent africain – avec une progression de 6,1 % du volume des échanges l’année dernière –, le pays de Xi Jinping a tendance à en profiter davantage. Il a ainsi enregistré un excédent commercial de 62 milliards de dollars l’année dernière, d’après Reuters.

« À moins d’avoir une augmentation équivalente des exportations africaines vers la Chine, les déficits commerciaux continueront d’augmenter« , prévient d’ailleurs Hannah Ryder, fondatrice de Development Reimagined, un cabinet de conseil spécialisé sur l’Afrique, cité par l’agence de presse britannique.

L’opportunité du nationalisme américain

La décision de la Chine s’inscrit par ailleurs en opposition au nationalisme exacerbé prôné par les États-Unis depuis le retour de Donald Trump au pouvoir en janvier dernier. Le dirigeant républicain, adepte d’une approche transactionnelle dans ses relations bilatérales, entraîne une réduction de l’influence américaine sur le continent.

Une aubaine pour Pékin qui n’en demandait pas tant, alors que le continent africain fait l’objet d’intenses convoitises de la part de diverses puissances mondiales, sur fond d’accusation de néocolonialisme.

« La Chine apparaît plus que jamais en Afrique comme la puissance de recours », analyse François Soudan, directeur de la rédaction de Jeune Afrique.

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La rédaction Houssou
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