Le site Coco.gg a été fermé mardi par la justice française. Il est accusé d’encourager des pratiques illégales telles que l’homophobie et la pédocriminalité. Quatre personnes ont été interpellées, dont le propriétaire de la plateforme et sa femme. Mais les associations et victimes craignent que la plateforme ne réapparaisse sous un autre nom.
Le parquet de Paris a annoncé mardi, sur son compte X, la fermeture du site de tchat Coco.gg, considéré comme « un repère de prédateurs » par plusieurs associations de défense de l’enfance et de lutte contre l’homophobie. Quatre personnes ont été interpellées et entendues dans le cadre d’une enquête. Parmi elles, le propriétaire du site, détenu en Bulgarie où il vit, et sa femme, placée en garde à vue dans le Var.
Une coopération européenne pour démanteler Coco.gg
Cette opération a été conduite par l’unité nationale cyber de la gendarmerie nationale (UNCyber), l’Office national anti-fraude (ONAF) et le commandement du ministère de l’intérieur dans le cyberespace (Comcyber-MI), avec l’appui d’Eurojust, l’agence judiciaire européenne. Outre la France, les interventions ont eu lieu en Bulgarie (pays de domiciliation de l’entreprise qui chapeaute le site), en Allemagne (où se trouvaient des serveurs), en Lituanie, aux Pays-Bas et en Hongrie.
Un site créé par un discret ingénieur informaticien du Var
Coco.gg a été créé il y a 20 ans par un ingénieur informaticien du Var, Isaac Steidl. Cet homme de 44 ans a longtemps géré ses activités en France, avant de s’installer à l’étranger par précaution et d’y délocaliser ses activités. Il a aussi dû renoncer à la nationalité française l’année dernière pour bien passer sous les radars. Son site de chat était hébergé sur l’île britannique de Guernesey, et appartenait à « Vinci SA », une société dont l’adresse se situe à Sofia (Bulgarie).
Coco.gg était très facile d’accès et sans modération
Coco.gg se présentait comme « le premier site de tchat gratuit en ligne ». Il se caractérisait par l’anonymat de ses utilisateurs et une facilité d’accès déconcertante. En effet, il suffisait d’entrer un pseudonyme, son sexe, son code postal et son âge pour en être membre. La plateforme ne vérifiait pas ces informations personnelles. Aussi, elle ne contrôlait pas les échanges, bien souvent remplis de photo et de vidéos volées ou à caractère pédopornographiques.
Coco.gg cité dans une affaire de meurtre
Ces derniers mois, Coco.gg a été associé à plusieurs affaires, notamment à la mort de Philippe Coopman à Grande-Synthe, en avril dernier. Cet homme a été piégé par des mineurs se faisant passer pour une jeune fille désireuse de faire une rencontre amoureuse. Il y a aussi le dossier Dominique P., un individu bientôt jugé pour avoir drogué et soumis son épouse aux viols d’une cinquantaine d’hommes. Ce type recrutait ses complices présumés sur le site de discussion.
Des milliers de procédures judiciaires initiées depuis 2021
Bien avant ces affaires, plusieurs avocats et associations militant en faveur des droits LGBT et pour la protection de l’enfance avaient porté plainte contre Coco.gg après de nombreux cas de guet-apens et de viols. Certaines organisations ont même lancé des pétitions pour obtenir la fermeture du site, en vain. Entre le 1er janvier 2021 et le 7 mai 2024, le parquet de Paris a dénombré 23 051 procédures judiciaires provenant de 70 juridictions et a recensé 480 victimes.
Possibilité de voir réapparaître Coco.gg sous un nouveau nom
Tout s’accélère en décembre 2023, quand l’ONAF ouvre une enquête pour des soupçons de « transaction illicite en bande organisée », « d’infractions relatives à la pédocriminalité » et de « proxénétisme aggravé », entre autres griefs. En dépit de la fermeture de Coco.gg, les autorités et les associations craignent que la plateforme ne réapparaisse en ligne grâce à une copie réalisée avant son démantèlement. Elle pourrait refaire surface sous un autre nom ailleurs dans le monde.
