L’organisation panafricaine n’entend pas faire machine arrière sur sa quête de faire réparer les injustices historiques causées par l’esclavage, le colonialisme et la discrimination systémique.
La recrudescence des mouvements populistes de droite en Europe et ailleurs ne devrait pas empêcher l’Afrique d’aborder la question des réparations pour l’esclavage transatlantique et le colonialisme, selon la responsable de la division diaspora de l’Union africaine (UA), Angela Naa Afoley Odai, citée par Reuters.
Pour cette experte en migration, diaspora et développement, « il n’y a pas de meilleur moment que celui-ci pour discuter » de cette question « en tant qu’Africains, indépendamment des diverses situations qui peuvent sembler intimidantes ». Une mise au point pour le moins significative.
Elle intervient en effet dans un contexte politique mondial marqué par des résistances de la part de nombreux pays, anciennes puissances coloniales, à qui cette demande de réparations s’adresse.
Cette revendication s’inscrit dans une longue histoire de mobilisation panafricaine. Si l’Organisation de l’unité africaine (OUA), l’ancêtre de l’UA, avait déjà soulevé cette question dans les années 1990, la demande de reconnaissance et de réparation des préjudices subis par les Africains et les personnes d’ascendance africaine durant l’esclavage et la colonisation reste, aujourd’hui encore, au cœur de l’agenda politique continental.
Une adhésion croissante
Cela inclut non seulement des réparations financières, mais aussi des excuses officielles, la restitution des objets culturels spoliés ainsi que des garanties de non-répétition. Le 38ᵉ Sommet de l’Union africaine organisé en février dernier, a ainsi inscrit le sujet dans son agenda pour l’année en cours.
L’initiative a même suscité l’adhésion du Secrétaire de l’Organisation des Nations Unies, Antonio Guterres. Lequel a déclaré en marge d’un discours prononcé le 15 février, « qu’il est grand temps de mettre en place des cadres de justice réparatrice ».
« Le monde ne doit jamais oublier que l’Afrique est victime des effets conjugués de deux injustices colossales. Tout d’abord, les profonds ravages du colonialisme et de la traite transatlantique des esclaves. C’est un mal dont les racines remontent à plusieurs siècles et dont les Africains et les personnes d’ascendance africaine continuent de pâtir aujourd’hui encore…La décolonisation, en elle-même, n’a pas été une panacée », a-t-il déclaré.
Confronter l’héritage du passé colonial
Parallèlement, d’autres voix, comme celle du président du Cap-Vert, José Maria Neves, ont précédemment exprimé des inquiétudes quant à la montée du populisme de droite, rendant difficile un débat sérieux sur les réparations.
Les opposants aux réparations soutiennent, entre autres arguments, que les États et institutions contemporains ne devraient pas être tenus responsables de leur passé.
Les défenseurs affirment cependant qu’une action est nécessaire pour remédier à l’héritage de l’esclavage et du colonialisme, dont le racisme systémique. Ils soulignent que les États contemporains bénéficient encore de la richesse générée par des siècles d’exploitation.