Jean-Christophe Rufin a publié le 7 février un nouveau roman intitulé « D’Or et de Jungle », dans lequel il imagine un coup d’Etat orchestré par les géants du numérique (GAFAM). Plongeant dans un univers d’anticipation haletant, l’écrivain lève le voile sur le monopole de ces entreprises tech, entre manipulation des opinions et contrôle de la politique.
Jean-Christophe Rufin, auteur de Rouge Brésil et Le parfum, vient de publier chez Calmann-Lévy un nouveau roman intitulé « D’Or et de Jungle ». Dans cette œuvre à mi-chemin entre le polar géopolitique et le roman d’aventures pur, l’écrivain raconte l’histoire d’un coup d’État fomenté par un géant du numérique dans le sultanat de Brunei, petite île située sur les rivages de la mer de Chine méridionale.
D’or et de jungle évoque le concept de « coup d’Etat clefs en main »
« D’or et de jungle » met en scène à la fois le basculement d’un pays et le parcours d’une femme, Flora, petite-fille d’un célèbre mercenaire qui a passé toute sa vie à renverser des pouvoirs dans le monde. Fascinée par l’histoire de cet homme, elle s’engage à son tour dans le dangereux milieu du mercenariat. Elle est recrutée par une agence de sécurité privée qui orchestre, pour le compte d’un géant du numérique, un putsch d’un nouveau genre : le « coup d’Etat clefs en main ».
Plus de besoin de soldats, mais d’une armée de hackeurs
Avec ce nouveau type de putsch, plus besoin de tirer un seul coup de fusils. Mais d’une armée de hackers talentueux pour travailler dans l’ombre, pour répandre des fake news, contrôler les informations et manipuler les opinions. Les richissimes investisseurs du numérique peuvent désormais prendre possession d’un pays sans violence. Ils peuvent balayer toutes les questions éthiques pour faire main basse sur les finances du monde.
D’or et de jungle alerte contre le monopole des GAFAM
« D’Or et de Jungle » se présente ainsi comme le guide du parfait coup d’Etat dans nos sociétés modernes très technologiques. Il constitue surtout une alarme contre le nouvel ordre mondial qui advient inexorablement avec les géants du numérique. Connues sous le nom de GAFAM (pour Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft), ces grosses entreprises sont devenues tellement puissantes qu’elles pourraient échapper à tout contrôle.
Les mastodontes de la tech pèsent autant que les grandes puissances économiques
Nés dans des garages ou des chambres d’étudiants geeks sans grands moyens, ces sociétés pèsent aujourd’hui plus que certains Etats grâce à leur monopole dans le commerce électronique. Sur leur dernier exercice, elles ont engendré 1544 milliards de dollars de chiffre d’affaires. Soit l’équivalent du PIB du Brésil. Elles sont même davantage valorisées que le montant du PIB du Japon, de l’Allemagne ou de la France ! Mais leur mainmise tentaculaire ne s’exerce pas que sur l’économie mondiale.
Les GAFAM, une menace pour la démocratie ?
Avec leur manne financière, les GAFAM peuvent aussi contrôler n’importe quel pays et imposer des décisions dans leurs intérêts. En plus d’avoir un pouvoir sur les dirigeants, ces géants technologiques constituent un danger pour les libertés individuelles et la démocratie elle-même. En effet, ils inondent Internet de contenus orientés et contrôlent ce qu’on doit voir ou pas. Par conséquent, ce sont eux qui forment nos opinions de façon insidieuse. D’ailleurs, ils peuvent participer à la manipulation des élections. En témoigne le scandale de Cambridge Analytica.
