Le modeste pays d’Amérique centrale a décidé le 9 juin dernier de faire de la célèbre cryptomonnaie, une devise nationale à l’instar du dollar. La mesure inédite dans le monde est froidement accueillie par les institutions de Bretton Woods.
Alors que le bitcoin, à l’image de toutes les cryptomonnaies, est critiqué par les gouvernants et autres institutions publiques internationales, un pays a décidé de lui ouvrir ses portes. Le Salvador a en effet fait voter par son Congrès le 9 juin dernier, une loi légalisant l’utilisation de cette devise virtuelle pour toutes les transactions dans le pays. La législation portée par le jeune président Nayib Bukele, entérine de fait l’usage de la cryptomonnaie comme monnaie nationale au même titre que le dollar américain.
Le dirigeant de 39 ans voit à travers une telle initiative, un moyen de soutenir l’économie locale dominée par l’informel. Il estime notamment à 70% la part de la population non-détentrice de compte en banque et donc exclue du système légal. La légalisation du bitcoin pourrait donc à ses yeux participer à la revitalisation de l’économie salvadorienne dont dépend beaucoup les envois de fonds depuis l’étranger.
La banque mondiale et le FMI rechignent
Mais les institutions internationales ne sont pas de cet avis. Au premier chef la Banque mondiale que l’État salvadorien a sollicitée pour l’aider dans la régulation de la nouvelle devise du pays. « Ce n’est pas quelque chose que la Banque mondiale peut soutenir », a-t-elle fait savoir auprès de l’AFP. L’institution présidée par David Malpass nourrit de sérieuses réserves quant à l’usage transparent et traçable du bitcoin.
Le FMI n’est pas moins préoccupé. Un responsable de l’institution avait sitôt la nouvelle loi approuvée, mit l’État salvadorien en garde contre les potentiels dangers de la légalisation de la devise numérique. Des dangers encore partagés par la plupart des autorités publiques dans le monde malgré l’engouement croissant autour du bitcoin.
Une première à suivre ?
Outre le caractère extrêmement volatile de sa valeur, la cryptomonnaie est suspectée de servir dans des opérations criminelles, puisque n’obéissant à aucun principe légal. Le bitcoin adossé à la blockchain, technologie décentralisée en dehors de tout contrôle, est de fait décrié. Par ailleurs, sa création très énergivore lui vaut des critiques de la part des défenseurs de la cause climatique. Nayib Bukele a promis à cet effet d’œuvrer très prochainement pour une décarbonation de la monnaie numérique. Mais il n’est pas certain que cela séduise les nombreux détracteurs de la nouvelle devise salvadorienne.