L’entreprise d’agroalimentaire Knorr, propriété du géant anglo-néerlandais Unilever, va rebaptiser sa « sauce tsigane » commercialisée en Allemagne. Jugé discriminatoire envers la population des Roms et Sintis, ce produit prendra désormais la dénomination « sauce paprika à la hongroise ».

« Nous travaillons à libérer la publicité de toute discrimination »

L’entreprise d’agroalimentaire Knorr, qui appartient au géant anglo-néerlandais Unilever, a annoncé le lundi 17 août qu’elle va rebaptiser sa « sauce tsigane » (« Zigeunersauce », en Allemand), en raison de son caractère jugé discriminatoire envers la population des Roms et Sintis. Ainsi, cette sauce épicée très populaire auprès de nombreux ménages allemands sera désormais vendue dans le pays sous la dénomination de « sauce paprika à la hongroise », indique Unilever dans un communiqué, confirmant des informations du journal Bild. « Comme le concept de +sauce tsigane+ peut être interprété négativement, nous avons décidé de donner un autre nom à notre sauce Knorr », explique la compagnie anglo-néerlandais. « Nous travaillons de manière intensive afin de libérer la publicité de toute discrimination et tout stéréotype », ajoute-t-elle.

Une décision salutaire face à la montée d’un sentiment anti-Rom

La décision d’Unilever a été saluée par le conseil central allemand des Roms et Sintis. « Il est bon que Knorr ait réagi aux protestations de nombreuses personnes », a estimé son président Romani Rose dans les colonnes de Bild. Il a toutefois exprimé son inquiétude face à la montée d’un sentiment anti-Rom en Allemagne et en Europe. Romani Rose évoque notamment les noms « tsigane », mais aussi « juif » utilisés trop souvent comme des insultes par des supporters dans les stades de football.

L’Europe compte aujourd’hui environ 11 millions de Roms, qui constituent sa plus importante minorité ethnique. Mais ils continuent de souffrir de pauvreté disproportionnée et de discrimination.

D’autres marques feront de même

Le changement de dénomination intervient dans un contexte de lutte contre le racisme, en particulier aux États-Unis, suite au meurtre de George Floyd par la police. Mises sous pression, d’autres grandes entreprises ont également l’intention de renommer des marques traditionnelles en réponse aux préoccupations concernant les stéréotypes raciaux. Le groupe américain PepsiCo, par exemple, avait annoncé la disparition prochaine d’une de ses marques les plus populaires de sirop, Aunt Jemima, incarnée depuis 131 ans par le visage d’une femme noire. Dans la même veine, la compagnie Mars va abandonner l’image d’un homme afro-américain âgé, affiché en médaillon sur les paquets de riz de la marque Oncle Benz depuis les années 1940.