Alibaba, cheval de Troie de la Chine aux États-Unis ?

Le groupe technologique collaborerait avec les autorités de Pékin, afin de faciliter l’accès de ces dernières à des informations sensibles concernant des citoyens américains.

Selon le Financial Times, citant un mémo de sécurité nationale déclassifié et émanant de la Maison-Blanche, Alibaba aurait fourni un appui technologique direct à des « opérations » de l’Armée populaire de libération (APL) pour cibler des intérêts américains.

Les données transmises porteraient notamment sur des adresses IP, des connexions Wi-Fi d’utilisateurs, ainsi que sur des historiques détaillés de transactions financières. Le rapport mentionne aussi la participation du groupe à des outils liés à l’intelligence artificielle.

Plus inquiétant encore, des employés de l’entreprise chinoise auraient transmis des connaissances concernant des vulnérabilités informatiques de type « zero-day », des failles de sécurité inconnues et non corrigées particulièrement prisées dans le cadre d’opérations de cyberguerre.

Si ces accusations restent à confirmer de source indépendante, elles s’inscrivent dans un contexte juridique bien réel qui nourrit depuis des années les préoccupations des responsables américains en matière de sécurité nationale vis-à-vis de Pékin.

Une manœuvre politique ?

Depuis 2017, une loi chinoise oblige en effet toutes les entreprises opérant sur le territoire de la République populaire à partager des informations avec les autorités de Pékin lorsque celles-ci en font la demande.

Ce cadre légal constitue l’une des raisons principales pour lesquelles les responsables de la sécurité nationale américaine manifestent un scepticisme systématique à l’égard des entreprises chinoises ayant accès à d’importantes quantités de données concernant des citoyens ou des infrastructures américaines.

Cette méfiance structurelle a déjà conduit par le passé à des interdictions ou des restrictions visant des entreprises comme Huawei ou TikTok. L’administration américaine, citée de façon anonyme, assure « prendre ces menaces très au sérieux » et affirme travailler en continu pour limiter les risques d’intrusions menées via des « fournisseurs non fiables », sans toutefois commenter directement le cas Alibaba.

De son côté, Alibaba rejette catégoriquement ces accusations, les qualifiant de « non-sens complet » et de tentative délibérée de manipuler l’opinion publique pour ternir son image.

Une fracture sino-américaine de plus ?

L’entreprise fondée par Jack Ma demeure cependant silencieuse sur une éventuelle collaboration avec l’APL. Au‑delà du cas Alibaba, l’affaire illustre la tension croissante entre les sphères technologique et commerciale des deux puissances.

Elle intervient juste après une rencontre entre Donald Trump et Xi Jinping en Corée du Sud, où les deux dirigeants avaient pourtant acté une trêve d’un an sur les restrictions commerciales.

Alors que des faucons du Congrès favorables à un nouveau tour de vis contre les groupes technologiques chinois présents à Washington militent ardemment pour faire avancer leur agenda, ce répit pourrait très vite voler en éclats.

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leo derf

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