La compagnie nationale indienne devrait être rachetée par la famille Tata qui l’a créée 15 ans avant sa nationalisation en 1947. Pour un meilleur sort que celui qui a été le sien jusqu’ici ?
C’est un véritable pari pour l’avenir que prend Tata à travers sa dernière opération. Le conglomérat industriel familial a décidé de racheter la totalité d’Air India à l’État indien contre deux milliards d’euros au moins dans le cadre d’une transaction à finaliser lors des prochains mois, selon l’annonce faite par les deux parties vendredi 8 octobre.
Le nouvel acquéreur s’engage à débourser 310 millions d’euros au gouvernement de Narendra Modi et à garder 8 000 employés de la désormais ex-compagnie nationale en poste pour un an au minimum. Les Tata héritent aussi du quart de la dette totale d’Air India estimée à 1,7 milliard d’euros. C’est ce même chiffre que proposait l’homme d’affaires Ajay Singh, propriétaire de la compagnie aérienne SpiceJet, pour acquérir lui aussi la compagnie à la célèbre mascotte enturbannée. Mais la palme des enchères est finalement revenue à Tata Sons.
Retour aux sources
Pour le groupe fondé par Jamsetji Nusserwanji Tata, l’aboutissement de l’opération est avant tout un motif de fierté. Puisque cela symbolise pour Air India, un retour aux sources. C’est en effet le conglomérat familial qui créa la compagnie alors baptisée Tata Airlines, en 1932. Mais elle sera nationalisée 15 ans plus tard par l’Inde souveraine qui en avait acquis entre-temps une part majoritaire.
Plus de 70 ans après, Air India revient entièrement chez lui donc. Et ce retour semble enthousiasmer Ratan Tata, actuel représentant de la famille éponyme. Lequel s’est dit sur Twitter, heureux de retrouver une des créations de ses ancêtres.
Retrouvailles aigres-douces
Mais les retrouvailles s’annoncent aigres-douces au regard de la situation financière dans laquelle se trouve la nouvelle filiale du groupe Tata. La compagnie aérienne a accumulé ces dix dernières années d’énormes dettes et a coûté au trésor national indien, plus de deux millions d’euros par jour, à en croire les chiffres fournis par l’Agence Reuters. Illustration de l’état désastreux de ses comptes, l’État a tenté à trois reprises au moins de s’en débarrasser depuis 20 ans sans pouvoir lui trouver des repreneurs.
C’est dire le défi que pose son retour dans le giron de Tata. Mais le groupe industriel pourra compter sur sa flotte de plus de 140 avions et ses milliers de créneaux à l’intérieur de l’Inde et au-delà dans sa tentative de reconstruction.