La plateforme de visioconférence voit son offre d’acquisition de Five9 échouer sur fond de crainte quant à la viabilité de ses activités à court terme. Adieu les ambitions d’expansion ?
Deux mois et demi de promesse et d’enthousiasme qui font finalement pschitt. L’acquisition de Five9 par Zoom annoncée mi-juillet ne sera pas scellée. Les responsables de l’entreprise spécialiste des centres d’appels se sont prononcés jeudi 30 septembre contre l’opération pourtant valorisée à 14,7 milliards de dollars d’actions en raison des perspectives de la société acquéreuse jugées sombres.
Les membres du Conseil d’administration de Five9 ont en effet estimé, après les recommandations des sociétés Institutional Shareholder Services (ISS) et Glass Lewis il y a quelques semaines, que tomber sous l’escarcelle de Zoom ne représenterait pas une bonne affaire dans un contexte de levée progressive des restrictions anti-Covid qui font l’affaire du leader de la visioconférence depuis plus d’un an.
Fin de l’état de grâce
L’entreprise basée en Chine a été une des grandes gagnantes de la pandémie en raison de ses services profitables aux entreprises et autres organisations qui ont vu leur déplacement restreint durant la crise sanitaire. Mais cet état de grâce ne devrait pas durer éternellement. De l’avis de Five9 du moins, qui craint que Zoom ne retombe presque dans l’anonymat très prochainement à cause de l’accélération mondiale des campagnes de vaccination, qui ont vu les économies rouvrir progressivement et les bureaux des entreprises se remp. Une telle perspective n’est tout simplement pas alléchante économiquement pour le spécialiste des centres d’appels aux 2 000 clients au moins dans son portefeuille.
L’opération était d’autant plus risquée pour Five9 que Zoom voulait la réaliser uniquement en actions. Or, le titre de l’entreprise est en bien mauvaise posture sur les marchés depuis l’annonce de cet accord qui aurait pu représenter la plus grande acquisition jamais réalisée par le leader des visioconférences. La société a en effet vu ses actions dégringoler de 29% dans cette période qui remonte à juillet seulement.
Comment se réinventer ?
Aux dires du patron de Zoom, Eric Yuan, l’échec de l’acquisition de Five9 n’est pas une fin de soi. Mais cela représente une vision bien trop optimiste de l’horizon de l’entreprise dont les liens avec l’État chinois sont par ailleurs sujets à questions, selon les analystes. Alex Zukin du cabinet Wolfe Research estime notamment auprès de Reuters que Zoom a le défi de se diversifier au-delà des réunions virtuelles au risque de péricliter. Le manque de viabilité de l’entreprise représente par ailleurs une aubaine pour les fonds activistes, véritables requis, à en croire Dianne McKeever d’Ides Capital Management.