Le groupe californien va devoir mettre la main à la poche afin de couper court à un différend né, il y a cinq ans, des pratiques mensongères de ses responsables.
L’heure de passer à la caisse. Twitter va débloquer 809,5 millions de dollars de ses comptes du troisième ou quatrième trimestre de l’année pour le règlement à l’amiable d’un recours collectif intenté contre lui en 2016 par des anciens actionnaires en courroux. Ces derniers estimaient en effet que le réseau social leur avait dépeint un tableau faussement beau de ses indicateurs de croissance afin de bénéficier de leur engagement.
L’affaire remonte à novembre 2014 sous la direction de l’ancien directeur général du groupe Richard Costolo et de son ex-directeur financier Anthony Noto. Le réseau social alors en perte de vitesse en raison du ralentissement de la croissance des utilisateurs, tient un événement à l’attention d’investisseurs potentiels. Promesse de lancement de nouveaux services, projection exceptionnelle de croissance, augmentation des revenus, tout est mis en branle dans le cadre de cette opération de séduction.
Tromperie sur la marchandise
Le plan décrit par Richard Costolo comme ambitieux ne laisse pas indifférent l’auditoire. Les investisseurs mordent à l’hameçon et se lancent dans une prise de participation au sein de Twitter. Mais ils se rendront très vite compte de la supercherie, puisque les comptes de 2015 de l’entreprise, présentées sous de beaux jours étaient en réalité fondés sur du faux. Et pour cause, les chiffres de l’engagement des utilisateurs, moteur clé de la croissance du réseau social, avaient été dissimulés. Les responsables de l’entreprise avaient en effet mis un terme depuis 2014 à la mesure de cet indicateur, rendant quasiment impossible pour de potentiels actionnaires de suivre la croissance du groupe.
Entre-temps, les responsables de Twitter dont les fondateurs Jack Dorsey et Evan Williams, profitant d’une flambée artificielle du cours de l’entreprise, ont vendu pour plus de 280 millions de dollars d’actions. Jusqu’en juin 2015 quand la plateforme californienne reconnaîtra elle-même avoir floué ses partenaires, après le départ du sulfureux Richard Costolo.
Accord in extremis
L’accord à l’amiable dévoilé lundi par Twitter fait suite à la plainte formulée en 2016 par les investisseurs dont le nombre n’est pas précisé, à la SEC, régulateur américain des marchés financiers. Il intervient alors que la sélection du jury, préalable au procès, initialement prévue pour le 17 septembre, avait été reportée en novembre.
La perspective de ce décaissement de plus de 800 millions de dollars a fait plonger l’action de Twitter de 3,8% en bourse.