Jeanne d’Hauteserre, maire du VIIIe arrondissement de Paris, se distingue par son goût marqué pour les vêtements de luxe, un penchant largement financé par une utilisation excessive des frais de représentation, à l’instar de nombreux autres élus parisiens.
2 894 euros chez Weill et 1 517 euros chez Ralph Lauren en novembre 2023 ; plus de 7 000 euros en moins de vingt jours dans des boutiques telles que Carven, Eric Bompard, Maje, Apostrophe et Herno en décembre de la même année.
Sans oublier des achats réguliers au Printemps et aux Galeries Lafayette, ainsi que chez Eric Bompard, Sandro ou The Kooples. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Jeanne d’Hauteserre, maire du 8e arrondissement de Paris, a la main lourde lorsqu’il s’agit de s’acheter des vêtements.
Le problème, c’est que toutes ces dépenses sont réglées sous forme de notes de frais, conformément aux frais de représentation alloués à chaque élu. Si ces dépenses sont plafonnées à 11 092 euros annuels (soit environ 924 euros mensuels), elles relèvent d’un cadre pour le moins flou.
Il n’existe en effet pas de liste détaillée et la justification des achats reste largement subjective.
Une réglementation qui favorise les dérives
Parmi les « frais liés à l’apparence » prévus par la ville de Paris figurent notamment « les dépenses vestimentaires (achat d’habillement et entretien ou frais de pressing) », avec un seul principe : les dépenses doivent être liées à l’exercice des fonctions de représentation et non à des dépenses courantes.
Les contrôles se limitent souvent à la vérification des justificatifs, sans qu’aucun barème précis n’encadre la nature ou le montant raisonnable de chaque achat individuel. De fait, plusieurs maires d’arrondissements profitent de ce système pour garnir leur garde-robe, à l’instar de Jeanne d’Hauteserre.
L’élue de 72 ans a ainsi dépensé pas moins de 35 779 euros en quatre ans et demi pour des vêtements. Le but ? « S’acheter des fringues pour être bien sapée », selon ses propres mots.
Anne Hidalgo lâche la bombe
« Je comprends tout à fait que quelqu’un qui gagne 1 200 euros par mois soit heurté par nos frais de mandat« , reconnaît-elle toutefois face au tollé suscité par ces dépenses révélées par Anne Hidalgo.
L’édile de Paris a elle-même été épinglée mi-septembre par l’association Transparence citoyenne : 84 000 euros dépensés entre 2020 et 2024, dont 73 700 euros en vêtements, avec notamment des robes Dior à 6 320 euros et un manteau Burberry à 3 067 euros.
Face aux critiques, y compris au sein de son propre camp où le patron du Parti socialiste Olivier Faure a qualifié ces dépenses de « très choquantes », la maire a choisi l’offensive en publiant les factures de ses homologues d’arrondissement « dans un souci constant de transparence ».