L’Union européenne se protège de l’espionnage américain

La Commission européenne a récemment mis à jour les normes de sécurité applicables à ses fonctionnaires en déplacement aux États-Unis, afin d’éviter toute fuite potentielle de leurs données.

Selon les informations du Financial Times (FT), les commissaires et hauts fonctionnaires européens attendus du 21 au 26 avril à Washington pour les réunions de printemps du Fonds Monétaire Internation (FMI) et de la Banque mondiale ont reçu des consignes sécuritaires inhabituelles.

Il leur a en effet été expressément demandé d’utiliser des téléphones jetables et des ordinateurs basiques. Les mêmes recommandations comprennent la mise sous tension des téléphones à la frontière et leur placement dans des étuis spéciaux.

Ces directives, obtenues par le journal britannique auprès de nombreux diplomates européens, répondent à la crainte d’être espionnés. Bien que Bruxelles refuse de confirmer ces mesures spécifiques, elle admet avoir récemment mis à jour ses protocoles de sécurité pour les voyages aux États-Unis.

« Ils craignent que les États-Unis n’infiltrent les systèmes de la Commission« , confie une source interne citée par le FT. Cette pratique, habituellement réservée aux déplacements en Chine ou en Ukraine, témoigne d’une méfiance inédite envers Washington.

« L’alliance transatlantique est terminée »

« L’alliance transatlantique est terminée« , déclare sans ambages au Financial Times un responsable européen. En effet, depuis son retour au Bureau ovale, Donald Trump a multiplié les provocations à l’égard de l’Union européenne (UE).

Cette dernière s’est vue accusée d’avoir été créée pour « arnaquer les États-Unis« . La loyauté européenne au sein de l’OTAN, particulièrement concernant l’article 5 qui prévoit l’engagement mutuel des membres de l’Alliance, a été publiquement remise en cause. L’UE fait également l’objet de l’offensive tarifaire du locataire de la Maison Blanche.

Parallèlement, Trump a tendu la main à la Russie et exercé des pressions sur l’Ukraine pour qu’elle cède le contrôle de certains de ses actifs. Il l’a également poussée à consentir à une trêve dans le conflit avec Moscou, sans exiger de garanties quant au respect d’un tel accord.

Ce contexte rappelle fortement la période de la Guerre froide, plongeant les Européens dans une situation d’incertitude à laquelle ils ne semblaient pas préparés.

Des méthodes dignes d’un État de non-droit

C’est dire que cette méfiance européenne n’est pas infondée. D’autant que les autorités frontalières américaines ont le droit de saisir les téléphones et ordinateurs des visiteurs afin d’examiner leur contenu.

Ce fut le cas en mars d’un scientifique français refoulé et renvoyé en France pour avoir exprimé une « opinion personnelle » sur la politique de recherche américaine sous le nouveau président des États-Unis, d’après le gouvernement tricolore.

« Washington n’est pas Pékin ou Moscou, mais c’est un adversaire enclin à utiliser des méthodes extra-légales pour servir ses intérêts et son pouvoir« , explique au Financial Times, Luuk van Middelaar, directeur de l’Institut bruxellois de géopolitique.

Il rappelle tout de même que l’administration du président Barack Obama avait déjà été accusée d’espionner le téléphone de la chancelière allemande Angela Merkel en 2013.

Vous faites le buzz !

La rédaction Houssou
Up Next

Related Posts