Pékin veut exploiter l’appétit de Trump pour les accords commerciaux afin de faire basculer Washington en sa faveur sur Taipei.
Entre Donald Trump et Xi Jinping se jouent une véritable partie d’échecs où chacun avance ses pions les plus précieux. Parmi ceux de la Chine figure Taïwan, que Pékin entend bien annexer coûte que coûte.
Dans ce contexte, les négociations en cours avec les États-Unis offrent à la Chine l’occasion de faire avancer ses intérêts. L’objectif : convaincre Washington de déclarer officiellement son opposition à l’indépendance de l’île.
Une telle décision romprait avec la position neutre maintenue pendant des décennies par les États-Unis sur le cas taïwanais. Cette politique consiste notamment à reconnaître les revendications de Pékin sans les approuver explicitement. Le président Joe Biden a ainsi maintes fois répété que les États-Unis « ne soutiennent pas » l’indépendance de Taïwan.
« Creuser un fossé entre Washington et Taipei est pour Pékin le Saint Graal de son conflit avec Taïwan. La confiance de Taïwan s’en trouverait ébranlée et Pékin renforcerait son influence sur Taipei », analyse Evan Medeiros, ancien haut responsable de la sécurité nationale sous l’administration Obama et aujourd’hui professeur à l’université de Georgetown, cité par le Wall Street Journal (WSJ).
Trump, un partenaire imprévisible pour Pékin
Les signaux envoyés par l’administration Trump alimentent ces espoirs à Pékin. Contrairement à son prédécesseur, le dirigeant républicain s’est soigneusement abstenu de clarifier si l’armée américaine interviendrait en cas d’invasion chinoise de Taïwan.
Même si la Maison Blanche maintient qu’elle s’opposait à tout changement unilatéral du statu quo dans le détroit de Taïwan. « Je ne crois pas qu’il y ait la moindre possibilité que cela se produise tant que je serai là. « Il m’a dit : ‘Je ne le ferai jamais tant que vous serez président’ », a déclaré Donald Trump en août dernier.
Plus intrigant, les États-Unis ont récemment retardé des portions de l’aide militaire prévue pour Taipei et ont refusé la demande du président William Lai pour une escale américaine en marge de son voyage en Amérique latine.
Taiwan et ses alliés restent vigilants
Des sources proches de la Maison Blanche tentent de rassurer, expliquant selon le WSJ, que l’administration américaine cherche avant tout à dissuader la Chine de mener des actions militaires contre Taïwan.
Mais la vigilance reste de mise côté taiwanais. « Un Taiwan en développement constant est la clé de la stabilité régionale dans l’Indo-Pacifique, qui constitue à son tour un intérêt stratégique fondamental pour les États-Unis« , déclare un responsable de la sécurité nationale de Taïwan, cité par Taipei Times.
L’île démocratique de 23 millions d’habitants sait naviguer dans des eaux troubles, où le moindre acte diplomatique peut faire basculer l’équilibre fragile qui garantit sa sécurité depuis des décennies.