L’encart publicitaire appelait le nouveau président Donald Trump à renvoyer Elon Musk, le milliardaire devenu son plus proche collaborateur.
Jeff Bezos essaierait-il de protéger Elon Musk ? La question pourrait paraître incongrue étant donné la rivalité entre ces deux figures entrepreneuriales américaines, décrites comme des meilleurs ennemis. Elle mérite pourtant réflexion en raison de la récente attitude du Washington Post, le journal détenu par Bezos.
La rédaction a en effet annulé, vendredi 14 février, la diffusion dans les colonnes du quotidien, d’une publicité peu favorable à Musk, le milliardaire qui murmure à l’oreille du locataire de la Maison Blanche pour avoir notamment financé son élection à hauteur de plus de 250 millions de dollars.
La publicité en question présentait une image de l’homme d’affaires à la tête de six entreprises différentes riant au-dessus d’une représentation de la Maison Blanche, avec le texte provocateur : « Qui dirige ce pays : Donald Trump ou Elon Musk? »
Une allusion au pouvoir conféré à ce dernier par le président. Nommé à la direction d’une structure baptisée « Bureau de l’efficacité gouvernementale » (Doge, l’acronyme anglais), le natif d’Afrique du Sud s’emploie à supprimer agences fédérales et subventions financières, prétextant d’une lutte contre le gaspillage des ressources publiques.
« Elon a créé le chaos et la confusion »
« Depuis le premier jour, Elon a créé le chaos et la confusion et mis nos moyens de subsistance en danger. Et il n’est responsable devant personne d’autre que lui-même. La Constitution n’autorise qu’un seul président à la fois« , indique l’encart publicitaire prévu pour envelopper la une et la dernière page des éditions spéciales livrées à la Maison Blanche, au Pentagone et au Congrès, mardi 18 février.
« Appelez vos sénateurs et dites-leur qu’il est temps que Donald Trump renvoie Elon Musk« , ajoute le texte préparé à l’initiative des organisations de défense des droits civiques : Common Cause et le Southern Poverty Law Center Action Fund.
Des circonstances peu claires
La décision d’annuler cette pub à 115 000 dollars est tombée sans aucune explication. Une situation d’autant plus confuse que le Washington Post a maintenu la diffusion de la même publicité à l’intérieur du journal.
« Nous avons demandé pourquoi ils ne diffuseraient pas l’encart alors que nous respections clairement les directives, ils n’étaient pas en mesure de nous donner une raison« , a confié Virginia Kase Solomón, présidente et directrice générale de Common Cause, citée par le New York Times.
Cette décision s’inscrit dans un contexte de préoccupations croissantes concernant l’orientation du Washington Post sous Bezos à l’ère du retour au pouvoir de Trump. Le fondateur d’Amazon est en effet accusé de se soumettre au président, à l’instar de nombreux autres de ses pairs grands patrons.