La France suffoque, son économie aussi

Des chantiers de construction aux boulangeries de quartier, en passant par les terrasses parisiennes, tous les secteurs d’activité doivent composer avec la chaleur exceptionnelle qui traverse l’Hexagone actuellement, bouleversant le rythme habituel de l’économie.

« On a adapté les horaires. On ne travaille pas plus de 6h par jour, parce que passé 11h30-12h, la température n’est plus tenable. Donc on fait une pause à ce moment-là ».

Le témoignage de Christophe Burle, chef de secteur ETF sur le chantier du tramway de Bordeaux, illustre le quotidien de nombreux travailleurs sur le terrain depuis les épisodes caniculaires qui frappent la France depuis juin.

Ces moments de forte chaleur, où le thermomètre grimpe au-delà de 32°C, obligent à une réorganisation complète des horaires pour préserver la santé des salariés. Au-delà d’un certain seuil, l’organisme humain ne peut plus répondre efficacement aux sollicitations.

« Faire de l’étanchéité sur le toit ou plier du zinc sont des tâches difficiles à réaliser par de telles températures », confirme Anthony Laudat, patron d’une entreprise de gros œuvre dans le Cher et président de la commission sociale de la Fédération française du bâtiment, interrogé par Le Monde.

Un bouleversement intégral

Cette réalité dépasse le seul secteur des travaux publics. À Paris, les terrasses habituellement bondées affichent une fréquentation clairsemée. « À midi, on ne va pas vraiment pouvoir travailler pour le service du déjeuner. Avec la chaleur, ça ne nous aide pas forcément« , témoigne Barbara Lescurier, restauratrice, au micro de France 24.

Dans le secteur de la boulangerie-pâtisserie, les commerces de proximité font face à un véritable effet domino. Celui-ci va de l’explosion des coûts énergétiques liée à l’utilisation intensive de la climatisation jusqu’à la flambée des frais de maintenance pour des équipements soumis à des contraintes thermiques exceptionnelles.

Au plan agricole, les cultures souffrent du stress hydrique, les rendements chutent et la qualité des produits se dégrade. Les éleveurs doivent faire face à des coûts supplémentaires pour assurer le bien-être de leurs animaux, tandis que la production laitière diminue naturellement par temps de forte chaleur.

Un impact macroéconomique considérable

Au-delà des exemples sectoriels, c’est l’ensemble de l’économie française qui tourne au ralenti. Selon la note d’Allianz Trade inspirée des travaux académiques et diffusée le 1ᵉʳ juillet, « une journée avec des températures supérieures à 32°C est l’équivalent d’une demi-journée de grève ».

« Les épisodes caniculaires ralentissent l’économie comme une grève généralisée, mais sans préavis », précise Jasmin Gröschl, économiste principal chez Allianz Trade. Les fortes chaleurs qui ont touché l’Europe, la Chine et les États-Unis en 2022 ont ainsi représenté un coût de 0,6 point de PIB.

Quant à la canicule de juin et juillet, qui a compté douze journées au-dessus de 32°C, elle pourrait amputer le PIB français de 0,3 point, soit près de la moitié de la croissance espérée par le gouvernement pour cette année.

Vous faites le buzz !

La rédaction Houssou
Up Next

Related Posts