Des centaines d’ouvrages précieux du département des Antiquités égyptiennes ont été abîmés à la suite d’une infiltration. Un incident symptomatique du grave état de dégradation de ce haut lieu culturel.
C’est un nouvel épisode qui vient ternir davantage l’image déjà fragilisée du Louvre, ce joyau culturel miné par de multiples dysfonctionnements. D’après La Tribune de l’Art, média spécialisé dans l’actualité muséale, qui révèle l’information le 7 décembre dernier, environ 400 ouvrages ont été détériorés.
Affectés par une fuite survenue le mois précédent sur une canalisation alimentant l’une des trois salles de la bibliothèque du département des Antiquités égyptiennes, ces volumes sont régulièrement consultés par les chercheurs égyptologues. L’information a été confirmée par Francis Steinbock, administrateur adjoint du musée, au micro de BFMTV, qui a précisé que le décompte définitif restait en cours.
À l’origine de l’incident : la dégradation avancée du réseau de conduites, laissée sans entretien depuis des années, alors même que les dysfonctionnements étaient connus, selon plusieurs sources internes. Steinbock ajoute que des travaux sont bien prévus… mais seulement à partir de septembre 2026.
Une série noire pour le prestigieux musée
Ce nouvel incident s’inscrit dans une période particulièrement difficile pour l’institution parisienne. En octobre dernier, quatre individus ont dérobé en plein jour des bijoux estimés à 12 millions de dollars, un vol audacieux qui a révélé de graves lacunes dans la sécurité du musée.
Quelques semaines plus tard, des fragilités structurelles ont entraîné la fermeture partielle d’une galerie consacrée aux vases grecs, ainsi que de plusieurs bureaux administratifs. Une succession d’événements qui brosse le portrait préoccupant d’un établissement fragilisé, incapable de maintenir ses installations au niveau d’exigence nécessaire pour préserver ses collections.
Parallèlement, la Cour des comptes a publié un audit sévère pointant le manque de modernisation des infrastructures du musée. L’institution critique notamment une gestion déséquilibrée des dépenses, avec des investissements massifs dans les acquisitions d’œuvres au détriment de l’entretien.
Des priorités mal définies
Ainsi, entre 2018 et 2024, le Louvre a dépensé 105,4 millions d’euros pour l’acquisition d’œuvres d’art, dont seulement 7 % sont exposées au public. Sur la même période, seulement 26,7 millions d’euros ont été alloués à la maintenance et à la conformité des bâtiments, et 3 millions aux systèmes de sécurité, alors qu’un plan de modernisation aurait nécessité 83 millions.
Pour les magistrats de la rue Cambon, le Louvre souffre d’une « absence de hiérarchisation de ses projets » et d’un « mur d’investissements qu’il n’est pas en mesure de financer ».
Symbole de la culture française et musée le plus visité au monde, le Louvre fait aujourd’hui face à un défi crucial : démontrer qu’il peut encore protéger durablement les trésors, visibles ou cachés, dont il a la garde.

