Le Festival de Cannes a décidé, à compter de cette année, d’interdire la nudité pour des raisons de décence. Un concept qui s’avère plus ambigu qu’il n’y paraît au premier abord.
« Pour des raisons de décence, la nudité est interdite sur le tapis rouge, ainsi que dans toute autre zone du festival. » Telle est la nouvelle directive transmise aux participants du Festival de Cannes, le 13 mai dernier, à la veille de l’édition 2025 de ce grand raout du cinéma mondial.
Le nouveau code vestimentaire interdit également « les tenues volumineuses, notamment celles avec une grande traîne, qui entravent la bonne circulation des invités et compliquent l’installation dans la salle ». Les transgresseurs éventuels courent le risque de se voir refuser l’accès au si prestigieux tapis rouge, l’une des attractions majeures du Festival.
Dans un contexte post-#MeToo dans la culture, marqué notamment en France par le procès de Gérard Depardieu, ces nouvelles règles ne sont pas anodines. Elles pourraient en effet laisser penser à une injonction visant à contrôler le corps des femmes.
La nudité ? Qu’est-ce que la nudité ?
Mais les organisateurs s’en défendent. Selon Agnès Leroy, responsable de la presse du Festival citée par le New York Times (NYT), le but est de « codifier certaines pratiques en vigueur depuis longtemps ».
L’objectif, précise-t-elle, « n’est pas de réglementer la tenue en soi, mais d’interdire la nudité complète, c’est-à-dire l’absence de vêtements, sur le tapis rouge, conformément au cadre institutionnel de l’événement et à la loi française ». Une clarification bienvenue, mais qui néanmoins place à interprétation.
D’autant que, comme le relève le NYT, de nombreuses tenues de soirées se caractérisent par une « absence générale de tissu ». « La vulgarité des uns peut être la célébration des autres », ironise le quotidien américain, pointant la popularité du concept du « naked dress » (ou « robe nue » en français) auprès des stars habituellement attendues sur la Croisette.
Éviter d’attirer l’attention
Une tendance avec laquelle le Festival de Cannes a toujours entretenu une relation particulière, en raison d’après le New York Times, de « la combinaison de la Méditerranée, du soleil et d’un certain dédain français pour la pudibonderie a créé sa propre tradition de libération vestimentaire ».
Ainsi, de l’Italienne d’origine hongroise Ilona Staller, dite « La Cicciolina », en 1985 à l’Américaine Madonna en 1991, sans oublier ses compatriotes Cameron Diaz en 2002 et Bella Hadid en 2024, chaque vedette a fait parler d’elle pour sa « tenue osée » sur le tapis du Grand Théâtre Lumière ces dernières années.
Au point parfois de faire totalement braquer les projecteurs sur elle, éclipsant le ou les films à l’honneur ce jour-là. Ce serait justement là la raison d’être des nouvelles règles, à en croire le NYT : éviter que les festivaliers, aussi prestigieux soient-ils, ne prennent trop la lumière.