Forcer le don d’invendus : une vraie bonne idée ou une obligation malsaine ?

Avec 10 millions de tonnes de nourriture gaspillées ou carrément jetées chaque année en France, les mesures anti-gaspillage alimentaire se sont multipliées, même si de gros efforts doivent encore être faits sur ce plan. Mais depuis peu, une nouvelle idée venue de Belgique pourrait faire débat.

Un contexte justifié

A l’occasion de la semaine de la lutte contre la pauvreté, les socialistes wallons ont fait une nouvelle proposition de résolution concernant la gestion et distribution d’invendus neufs mais… non-alimentaires. Les auteurs de la proposition expliquent ainsi que « à l’heure actuelle, des invendus neufs non alimentaires, au même titre que des invendus alimentaires, sont gaspillés et détruits alors qu’ils pourraient être valorisés, notamment par le biais d’une distribution aux personnes précarisées lorsqu’il s’agit de produits non périmés, non défectueux et conformes à la réglementation ». L’objectif actuel est d’évaluer la quantité de produits que cela pourrait représenter et savoir si un nouveau reconditionnement est nécessaire. A terme, la députée PS Graziana Trotta vise un don obligatoire. Il faut savoir qu’en Belgique, le don d’invendus alimentaires est obligatoire depuis 2014, une mesure qui n’avait d’ailleurs pas plu à la grande distribution dont l’argument le plus frappant consistait à dire que les associations n’auraient jamais les moyens de tout stocker… Aujourd’hui déjà, de nombreux produits électroménagers sont proposés aux associations, mais ils sont d’occasion.

Sur le fond, l’idée est bonne

Les chiffres du SPF Economie le prouvent : près de 20% des Belges (soit 1 personne sur 5) seraient en situation de privation matérielle. Il ne faut pas uniquement penser ici aux pauvres sans domicile fixe, mais aussi à ceux qui, même en travaillant, n’ont pas les moyens de subvenir aux besoins de leur famille. De récents reportages explicitent la naissance d’une nouvelle catégorie de personnes dans les pays comme la France ou la Belgique : les nouveaux pauvres. La démarche d’apporter son aide à ces familles est un geste humanitaire qui mérite d’être soutenu. On pense notamment à des besoins du type machine à laver ou même à des vêtements.

Sur la forme, l’idée est « malsaine »

Imaginons que vous aillez un stock de micro-ondes que vous n’arrivez pas à vendre. Ils sont à vous. Ce que vous souhaitez en faire est une décision qui doit en principe vous revenir. En forçant les industriels à donner leurs invendus, on leur enlève sans doute une certaine liberté de choisir. C’est ce qu’explique Baptiste Van Outryve, porte-parole de Carrefour : « Je suis d’accord que nous avons un problème de pauvreté dans notre pays et qu’il n’est pas acceptable que des produits soient jetés sans avoir pu profiter à personne. Mais nous trouvons malsain d’obliger qui que ce soit à donner des produits qui lui appartiennent pour solutionner un problème. De plus, chez Carrefour, notre politique est déjà de ne rien jeter. Nous donnons une seconde vie aux appareils électroménagers et nous avons un partenariat avec les Petits Riens pour certains produits. L’important, c’est que nous puissions choisir nous-mêmes ce que nous faisons de ce qui nous appartient. »

En résumé, favoriser le don d’invendus non-alimentaires à des associations pour les pauvres serait effectivement une excellente idée. Néanmoins, imposer ce choix ne semble pas être la démarche la plus adaptée pour des produits non-alimentaires.

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