SEB ouvre-t-il la voie à un nouveau modèle économique ?

Alors qu’une vieille télé de nos grands-parents pouvait durer jusqu’à 30 ou 40 ans, nous ne pouvons aujourd’hui que constater que des produits plus récents, dotés de meilleures technologies, ont pourtant une durée de vie plus courte. Une télé dernier cri ne durera en moyenne que 4 ou 5 ans, soit près de 10 fois moins qu’à l’époque.

L’obsolescence programmée

La diminution considérable des durées de vie de nos appareils électriques a conduit la population à suspecter des obsolescences programmées. En d’autres termes, les fabricants causeraient eux-mêmes la panne en équipant par exemple une cafetière toute neuve d’une résistance qui ne fonctionnera qu’un nombre bien déterminé d’heures. Conséquence : l’appareil tombe nécessairement en panne au bout de quelques années. Dommage pour cette dernière tasse de café qu’on se réjouissait de prendre pendant la pause déjeuné… L’obsolescence programmée est aujourd’hui considéré par l’Etat comme un moyen de duper le consommateur. Si ce fait est puni par la loi, il est parfois difficile à prouver. Il n’en résulte pas moins que les acheteurs sont conscients de son existence. Comment expliquer qu’un téléphone commence à montrer des signes de dysfonctionnements ou tombe en panne à peine quelques mois après l’expiration de la garantie ? S’arranger pour que les anciens modèles ne puissent plus fonctionner est aussi un moyen vicieux pour forcer les consommateurs à acheter.

L’irréparable

Vous pouvez être le plus grand bricoleur du monde. Vous pouvez connaître le fonctionnement d’un appareil presque sur le bout des doigts. Vous ne pourrez malheureusement pas le réparer si le fabricant ne vous laisse pas l’opportunité de le faire. En effet, certains concepteurs de produits s’arrangent pour que leurs produits ne puissent être ouverts sans être détériorés. Vous avez sans doute entendu parler de certains appareils qui, si vous cherchez à les ouvrir, vous font arracher la connexion de l’écran. Et quand bien même vous pourriez réussir à désosser votre produit en panne, il vous faudra beaucoup d’obstination et de courage pour parvenir à mettre la main sur la pièce dont vous avez besoin ! Inutile de se tourner vers la plupart des fabricants, la majorité ne mettant pas en vente les pièces détachés de leurs produits ou prétextant qu’ils ne les ont plus car le produit est déjà obsolète.

Un véritable paradoxe

Toutes ces manœuvres sont destinées à faire surconsommer la population en la faisant acheter de nouveaux produits dont elle n’aurait pas besoin si les pannes pouvaient être réparées. D’un autre côté, le gouvernement lance des campagnes publicitaires pour limiter la quantité de déchets et consommer moins. On voit ici très clairement le paradoxe de la société actuelle. Consommer moins est possible mais à condition de pouvoir réparer ses appareils. Or les réparations sont freinées voire interdites par le fabricant. Nous sommes dans un véritable cercle vicieux dont nous ne pouvons pas sortir, en tout cas seul. L’hypocrisie du monde industriel est clairement là puisqu’on ne peut pas prétendre vendre des produits plus respectueux de la nature si en sous-marin on empêche les consommateurs de garder ces mêmes produits le plus longtemps possible. Economiquement parlant, il est clair qu’augmenter la durabilité d’appareils condamne le fabriquant à réduire son panel de clients. Ne faudrait-il donc pas travailler sur un modèle économique différent pour rendre compatible la démarche environnementale avec les bénéfices économiques des entreprises ?

Le nouveau modèle SEB

La stratégie est surprenante mais particulièrement attendue par les clients depuis quelques années. SEB a décidé d’investir dans la fabrication de nouveaux produits réparables. Cela signifie donc moins d’appareils à jeter à la poubelle, faute de pouvoir leur donner une seconde vie, mais aussi un gain appréciable pour le porte-monnaie des consommateurs. Désormais, ces derniers auront deux possibilités : soit faire réparer le produit en panne, soit le faire eux-mêmes. Alain Pautrot, directeur du service après-vente du groupe, a estimé que si le comité exécutif s’opposait à une innovation non réparable, il fallait, pour qu’elle puisse toutefois avoir un avenir, que ce côté non réparable soit justifiable. Sur les 300 nouveaux produits sortis chaque année, seule une minorité devrait donc résister à ce changement. Mais comment survivre à ce manque à gagner ?

Une idée économiquement viable

On s’en doute : un groupe n’aurait jamais une telle idée si elle ne tenait pas vraiment la route. Pour concrétiser son modèle, SEB dispose d’un stock de 6 millions de pièces détachées à Faucogney-et-la-Mer (Franche Comté). En théorie, 97% des produits commercialisés pourront donc être réparés pendant une période de dix ans en moyenne. Reste à résoudre l’un des problèmes majeurs à savoir le prix. En effet, en supposant que les pièces soient faciles à se procurer, le coût d’une réparation est souvent dissuasif. SEB estime que « le client est prêt à dépenser jusqu’à 30% du prix d’achat pour réparer son produit ». Alain Pautrot a déclaré : « nous vendrons donc au prix plancher et laisserons le reste de la rémunération que nous voulons forfaitaire aux 6500 réparateurs partenaires que nous avons dans le monde entier ». A la pointe de la technologie, ce nouveau modèle prévoirait également un système d’impression de pièces via imprimantes 3D, un fois les stocks épuisés.
Espérons que la promesse « Produit réparable 10 ans », apposée sur de nombreux nouveaux produits, puisse se généraliser à d’autres marques pour le bien de la planète mais aussi du budget du consommateur.

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